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Albert PASCHE, sculpteur de talent et ancien propriétaire du Pré Oudot.

Le 23 septembre 2017, hommage était rendu au Pré Oudot à Albert PASCHE (1873-1964) devant le tombeau qu’il fît réalisé pour sa femme et lui sur ce qui fût sa propriété et pour lequel il sculpta un magnifique Christ en croix en bois. Albert Pasche a aimé le Pré Oudot, y a passé la fin de sa vie, a choisi de s’y faire enterrer, y avait installé un atelier de sculpture et y a laissé son empreinte avec plusieurs œuvres dont le mausolée où il repose avec son épouse, mais également un Saint-Ferjeux gravé sur la talvanne côté est  de la ferme ou encore une croix côté ouest. La finesse de la réalisation de son Christ en croix et la force de ses œuvres découvertes au fils des années, nous ont donné envie d’en savoir toujours plus et de mieux connaître celui qui, aux côtés de son épouse, a su témoigner par son talent artistique, mais également dans sa vie, d’une sensibilité qui nous touche profondément .

L’occasion nous est donc donnée de retracer ce que nous savons de sa vie et son œuvre à ce jour, avec, comme objectif, de réaliser un livret plus complet d’ici un an.

Photographies, Sophie Cousin

Albert PASCHE

Né à Plainpalais (Suisse) le 27 décembre 1873, fils d’une famille bourgeoise du Canton de Vaud, il fût élevé  à Besançon à la suite du mariage de son père, Louis-Daniel Pasche, ingénieur-horloger qui épousa une jeune fille de Baume-les-Dames, Marie Roy.

Tailleur de pierre très jeune, il aurait sculpté à l’âge de 14 ans la fontaine UTINAM de la place Jean Cornet de Besançon.

Elève de l’école des Beaux Arts de Besançon d’abord, il poursuivit ensuite ses études à Paris sous la direction de FALAGUIERE et d’Antoine MERCIER. Il y obtint sa première médaille pour une « Ariane abandonnée » en 1903.

C’est à cette époque qu’Albert Pasche se marie avec Juliette Sionneau, un de ses modèles, rencontrée à Paris. De cette union naîtront tout d’abord Jean en 1907 (décédé en 2002) et Madeleine en 1910 (décédée en 1997).

Il divorcera rapidement pour se marier avec Jeanne Louise Ducasse, musicienne et chanteuse lyrique. Unis, entre autres, par la passion de la musique, l’un et l’autre s’étaient liés d’amitié à la famille BOURDENEY qui jouera un grand rôle dans leur vie. Laure BOURDENEY confiera à Albert Pasche la réalisation du monument funéraire  au cimetière du Père Lachaise à Paris qui commémore le souvenir de sa sœur, la grande artiste que fût Clarisse BOURDENEY, compositeur de musique religieuse. Cette magnifique œuvre lui vaudra d’être de nouveau récompensé en 1909.

Orné d’un magnifique relief, le thème de sa composition évoque une femme, en longs vêtements de deuil abîmée dans sa douleur, à la vision de sa chère sœur disparue ; celle-ci semble s’élever, âme libérée des humaines contingences, au milieu de figures célestes aux formes harmonieuses qui transparaissent sous des voiles légers ; leurs bras soutiennent des harpes légères dont les accents semblent s’unir aux cantiques mystérieux qu’exhalent leurs bouches entr’ ouvertes. Une circonstance touchante donna naissance à cette conception : Après la mort de sa soeur, Laure Bourdeney ouvrant un livre de prières qu’une main pieuse avait mis aux doigts glacés de sa chère morte, le vit ouvert à une page où se lit cette phrase :  » Je chanterai vos louanges dans le cœur des harpes ».

Lorsque Laure Bourdeney meurt, à son tour, à Paris,  le 6 novembre 1919, sans héritier, elle fera don de sa fortune  à Jeanne et Albert Pasche, avec, entre autres, le château d’Etrabonne et Le Pré Oudot.

En mémoire de cette généreuse et talentueuse famille, Jeanne organisera dans les années 50 les concerts BOURDENEY à Besançon où elle fera jouer les œuvres de Clarisse BOURDENEY par de très grands artistes tels Lili Laskine ou Yedi Menuhin. Albert et Jeanne seront également de précieux soutien au festival de musique de Besançon.

Les monuments funéraires représentèrent une grande partie de son œuvre et celui qu’il sculpta dans le marbre blanc pour sa famille au cimetière des Chaprais de Besançon compte parmi les plus touchant. Il se représenta alors lui-même à la fois robuste par sa carrure et effondré par le chagrin en train de sculpter le visage de son père aux pieds de sa mère et de sa sœur.

D’autres peuvent être cités comme la tombe d’Enesco, chef d’orchestre ou Marie-Roze, cantatrice au cimetière du Père Lachaise.

Mais son inspiration était diverse et pouvaient venir de la mythologie, tel son « Actéon » pour lequel il sera récompensé en 1928 et qui sera exposé ensuite au musée français de Varsovie, du sport, pour lequel il se passionnait beaucoup avec des sculptures de footbaleurs ou boxeurs,  de la musique avec sa sculpture d’une joueuse de luth exposée à la bibliothèque nationale, ou encore Jeanne d’Arc de laquelle il sculpta plusieurs représentations émouvantes destinées à Besançon, Rouen ou Paris.

Nombre de ses œuvres peuvent encore être vues dans notre région, telles la décoration du plafond de la salle des audiences solennelles de la cour d’appel de Besançon,  Saint Féréol et Saint Ferjeux de la Basilique de Besançon où dès l’âge de 14 ans il aurait sculpté certains chapiteaux de la crypte de cet édifice, Jeanne d’Arc au bûcher à l’Eglise Saint-François Xavier , l’un des poilus du monument aux morts de la Gare Viotte, déplacé aux Glacis, le buste de Veil Picard à Grandvelle, un Saint-Ferjeux à l’entrée de la grotte chapelle de Remonot, un Christ à Arcier et à Vanclans, les sculptures de poilus pour les monuments aux morts de la Grande Guerre à Etrabonne et à Reugney.

« Il n’est pas possible d’énumérer toutes ses œuvres, de factures diverses, les unes émouvantes, les autres pleines de finesses, d’esprit et de charme. Il était sculpteur au sens total du mot. Toutes les matières lui étaient bonnes. La pierre, le marbre, le bois. Sa force lui permettait d’affronter les matériaux les plus durs en taille directe. Il a travaillé pendant près de 30 ans à une immense statue de boxeur dans laquelle il a voulu traduire son admiration de la beauté masculine, comme il a su dans de très nombreuses œuvres gracieuses interpréter la beauté formelle féminine ».

Ces mots forts prononcés lors de ses funérailles au temple du Saint-Esprit à Besançon avant son inhumation au Pré Oudot par un adjoint du maire MINJOZ de Besançon, témoignent de l’admiration dont faisait l’objet Albert Pasche à la fin de sa vie et de la reconnaissance du grand artiste qu’il était.

« L’artiste ne meurt jamais. Les notes, les paroles, la réflexion qu’il laisse après lui sont la continuité de son être et de sa manière d’être. Son corps ne peut que se reposer. Quant à son âme, elle ne s’arrête  jamais de vivre conclut si bien François Vuillemin son article dans l’Est Républicin du 23.09. 17 au sujet d’Albert Pasche avec les mots d’Inès Oueslati.

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